samedi 11 septembre 2010

Hépatite E : une transmission plus directe qu’on ne croit ?

Hépatite E : une transmission plus directe qu’on ne croit ?
Publié le 10/09/2010

Comme pour toutes les affections liées au péril fécal, le virus de l’hépatite E (VHE) est transmis à l'homme par voie digestive par ingestion de particules infectieuses à partir de la contamination de l'environnement souillé par les matières fécales.
A l’occasion d’une épidémie majeure entre octobre 2007 et août 2008 en Ouganda dans une population de réfugiés, les auteurs ont relevé des arguments en faveur d’une transmission directe de personne à personne.
Sur les 10 535 réfugiés interrogés, 3 218 (30,5 %) rapportaient un épisode d’ictère entre octobre 2007 et juin 2008 et 2 351 d’entre eux (78,6 %) vivaient dans un foyer avec plus d’un cas. Une enquête auprès de 2 137 foyers montraient que pour 687 (32,1 %) il n’y avait eu qu’un seul cas, et pour 908 (45,5 %) plus d’un cas d’hépatite E. Le risque de multiplicité des cas augmentait avec la taille de la famille. Parmi les 2 476 hépatites observées dans les foyers avec cas multiples, 1 280 (51,7 %) étaient des cas index ou étaient survenues dans les 2 semaines après le cas index, 580 (23,4 %) étaient apparues de 2 à 8 semaines après le cas index, et 616 (24,9 %) plus de 8 semaines après.
Les auteurs jugent plausible une transmission directe de personne à personne, car les réponses à l’enquête montrait dans le groupe « cas multiples » une proportion plus forte de sujets qui avaient une moindre hygiène des mains, dans des points d’eau collectifs, et avaient eu un contact rapproché avec un autre cas d’hépatite. De plus dès le début de l’épidémie, la chloration de l’eau avait été mise en place. Aucun échantillon d’eau recueilli n’est revenu positif pour la détection du VHE par PCR. Aucune source commune continue n’ayant été identifiée, cette épidémie aura duré 5 à 6 fois le temps d’incubation, malgré les efforts de prévention traditionnels en matière d’accès à l’eau.
Cependant il est impossible de conclure à une transmission directe. Une hygiène des mains défectueuse, des points d’eau communs pour la boisson, la vaisselle, et le lavage des mains offrent l’occasion d’une contamination croisée de l’eau et de la nourriture.
Ces conclusions prêtent d’autant plus à controverse que la promiscuité peut être liée au statut socio-économique, donc au comportement individuel (lavage des mains) et collectif (partage des points d’eau, vaisselle commune).
Expliquer la propagation du VHE est compliqué par la large proportion des infections asymptomatiques ou subcliniques, la période d’incubation relativement longue, le portage fécal prolongé chez les enfants, et une méconnaissance relative des réservoirs et modes de transmission.

Dr Muriel Macé

Teshale EH et coll. : Evidence of person-to-person transmission of hepatitis E virus during a large outbreak in Northern Uganda.
Clin Infec Dis 2010;50: 1006-1010
Aggarwal R. : Hepatitis E virus and person-to-person transmission. Letter to the editor.
Clin Infec Dis 2010;51 (4) : 477-478

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